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Eau et sécurité alimentaire: nourrir 9 milliards d’humains
L'eau, élément indispensable de toute production alimentaire. Photo CIAT International Centre for Tropical Agriculture.
L’agriculture utilise 70% des ressources en eau douce dans le monde mais laisse 900 millions de personnes le ventre vide. Pour nourrir 9 milliards d’habitants d’ici 2050, il faudra produire mieux en consommant moins. Dix décideurs avancent des solutions au Forum Mondial de l’Eau.
« Sans eau, pas de nourriture », prévient d’entrée Bruno Le Maire, Ministre français de l’agriculture et hôte de la discussion. Il faut ainsi aujourd’hui 3000 à 5000 litres d’eau par jour pour nourrir une seule personne. Dès 2050, 9 milliards d’humains devront être nourris, soit une augmentation de 70% de la production alimentaire mondiale. Dans les conditions actuelles, l’eau viendra à manquer et « l’Afrique, en pleine explosion démographique, sera en première ligne », avertit la FAO.
Le défi apparait immense, les solutions nombreuses. « Il est nécessaire d’investir dans le développement de systèmes d’irrigation plus performants » nous dit Bruno Le Maire. L’arrosage des parcelles au goutte-à -goutte constitue ainsi une mesure phare du Plan Vert lancé en 2008 par le Maroc. « Au Brésil, déclare Katia Abreu, Sénatrice brésilienne en charge des questions d’agriculture, les agriculteurs ont l’obligation légale de protéger la ressource en eau ». Les agriculteurs sont ainsi au centre de la solution et doivent participer à la gouvernance de l’eau, rappelle Xavier Beulin de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles.
Enjeux globaux, solutions locales
A l’heure du changement climatique, le développement de semences résistantes au stress hydrique et accessibles aux producteurs des pays en développement devient crucial. Le Président de la Commission Mondiale pour la sécurité alimentaire, Olaniran Yaya insiste : « Mettons les solutions en commun et intégrons les connaissances des populations autochtones ! ». Il s'agit maintenant de mettre l’accent sur la production locale à petite échelle afin de renforcer la résilience des systèmes alimentaires. A ce titre, Alexander Müller de la FAO insiste sur le potentiel de l’agriculture biologique afin d’augmenter la production tout en diversifiant les productions et préservant les écosystèmes. « Il est urgent d’investir dans la recherche à ce sujet », poursuit-il.
La sécurité alimentaire sera à l’agenda des réunions du G20 en Avril et en Mai prochains. La présidence en est assurée par le Mexique. Son Ambassadeur, Carlos de Icaza, conclut « l’eau doit être considérée comme une ressource stratégique ». A moins de 100 jours du sommet de Rio, l’eau et la sécurité alimentaire sont décidément au centre des préoccupations internationales.
